samedi 7 novembre 2009

Un statut à assumer pour un joueur très réservé

Meilleur passeur de Ligue 1 avant cette 13e journée, Kevin Gameiro est aussi le meilleur buteur lorientais. On connaît les talents du joueur, beaucoup moins l'homme, très réservé.

Après chaque match, les journalistes attendent les joueurs dans la zone mixte pour obtenir des interviews. Kevin Gameiro, souvent sollicité, se plie toujours à leurs demandes mais on comprend qu'il le fait plus par devoir que par envie. Est-ce par timidité? L'homme est-il réservé? Prétentieux? Pour l'avoir rencontré un bon moment, tranquillement en semaine, on peut d'entrée écarter la troisième interrogation. «Je suis effectivement de caractère timide et réservé. Je n'aime pas trop me montrer. Pour faire parler de soi, c'est sur le terrain. Je ne veux pas m'évader sur d'autres sujets», explique le joueur.

Epanoui à Lorient

Ses réticences à s'exprimer sans grande émotion, à des gens qu'il connaît à peine ou pas du tout, et plus particulièrement aux médias, résultent aussi de son passage en Alsace. James Fanchone, avec lequel il a joué au RC Strasbourg pendant un an et qu'il retrouve cette saison à Lorient, en témoigne. «Là-bas, on se faisait allumer par la presse alors forcément, on se méfie.» A Strasbourg, James Fanchone se souvient d'un Kevin Gameiro plus expressif lorsqu'il marquait des buts. «Il courait partout mais il était timide. A Lorient, je le sens beaucoup plus épanoui. On sent sa joie d'être là, son envie.» Un peu comme Thierry Henry, Kevin Gameiro explose rarement de joie après son but. «Je ne suis pas un introverti. Je ne suis peut-être pas un comique mais j'aime rigoler. Quand tu marques le 3e ou le 4e but, tu ne t'extériorises pas de la même manière que pour un but décisif. A Strasbourg, j'étais plus jeune, plus fougueux, et puis on n'oublie pas ses premiers buts. C'est le contexte qui fait que tu exprimes plus de joie.» Le visage fermé aux premiers abords, le natif de Senlis se détend au fil de l'échange et sourit volontiers.

Un souhait depuis gamin

On apprend alors que le football est son leitmotiv depuis son enfance, qu'il a toujours voulu être footballeur professionnel. «A la maison, on parlait toujours football. Mon père ne m'a jamais monté la tête par rapport à ça, mais pour moi, c'était clair.» Après sept ans passés au club de Marly-la-Ville, commune où il a grandi, Kevin Gameiro est allé à 12 ans à Chantilly où jouait son père. Et c'est là que Jacky Duguépéroux, l'entraîneur de Strasbourg, l'a remarqué. Direction l'Alsace à 15 ans. «Ça n'a pas été facile de quitter la famille à cet âge-là. En plus, j'avais perdu mon grand-père au moment où je rentrais au centre de formation. Il m'encourageait beaucoup et c'est pour ça que je me suis battu. Je n'étais pas le meilleur de ma génération, j'avais des qualités mais j'ai bossé pour faire mon trou.»

Au jour le jour

Son grand-père serait très fier de voir où il est arrivé. Et ce n'est sûrement pas fini. Francis Gillot, l'entraîneur de Sochaux, le voit bien un jour revêtir la cape bleue. «Je vis au jour le jour, le moment présent. Je n'aime pas prévoir les choses même si je pense un peu à l'avenir.» L'avenir, c'est aussi son petit garçon de trois mois qui lui change sa vie. «Ça permet aussi de ne pas trop sortir! De rester calme et posé.» La famille compte beaucoup pour l'attaquant lorientais qui profite des week-ends libres pour retourner à Marly ou dans sa belle famille, à Strasbourg. L'occasion aussi de faire une petite entorse à son quotidien culinaire. «J'aime bien manger. Mon péché mignon, c'est la charcuterie!» Et une petite sieste ensuite, le bonheur! Une vie tranquille en sorte. Mais quand on est en tête des meilleurs passeurs de Ligue 1, meilleur buteur de son club, les regards changent. C'est aussi pour cela que Kevin Gameiro cherche à se protéger.

Anne Paulou @letelegramme.com

2 commentaires:

La famille a dit…

Je le reconnais bien là!!

Anonyme a dit…

Je le reconnais bien là!!! I LOVE